La fantastique histoire des Soeurcières B., histoires d’Utérus croisées.

PIMPS: Brèves d’une PMA de célibataire endométrieuse croisée à un cancer de l’endomètre lynchesque (octobre 2021)

Des nouvelles de nos matrices

Quoi de neuf depuis l’Août ? Je sais pas chez vous, mais, ici, c’est mouvementé. Ici, c’est, fluctuant, en dent de scie, en rouge et noir, d’euphorie en trou noir, de petits bonheurs en petites victoires.

Les fellouzeries

En août, je vous ai laissé sur l’ « Ôde à Felouz », ahah, des louanges aux soignant.es, juste après la sortie de ma sœur de son séjour post-opératoire ablationniste.

Quelques jours après encore, un de ces jours d’endométriose pour moi, ses douleurs à elle se réveillent tandis qu’apparaissent les premières complications : une vessie bousillée, qui va avoir besoin d’une nouvelle réparation et de bien de la rééducation…Mais l’urgence n’est pas là, non ! L’urgence, on l’apprend dans la même semaine-vortex-trou noir, c’est de remettre à jour le calendrier de traitement onco. Oubliez ce qui était prévu : les examens ont parlé, il ne s’agira pas d’une chimio « pour la forme », comme prévu initialement. Ce sera une -urgente- chimio, de celles qui tâchent, qui agressent. Et de celles qui effraient. Mais Fellouz l’endort par ses savantes fellouzeriez et nous nous consolons à grand coup de « Tout ira bien ».

Automne. Les feuilles tombent, métaphore des chutes d’une chimio qui montre ses premiers effets. La chimio a commencé, MaSoeur a fait sa seconde cure la semaine dernière. Le rythme s’installe : une semaine de douleurs/antidouleur/dodo/petitemarche/grossesnausées…Puis un lent réveil fait de balades au Parc des Lyon, ou en forêt. J’y reviendrais.

La grande première de la série Kimio s’est bien passée…jusqu’au retour à la maison où les douleurs se mêlent à une fatigue psychique et physique, aux crises enfantines et aux remarques couplales jusqu’à devenir insupportable…4 jours après, sa douleur est telle que je la ramène à la case urgence. Retour vers le futur ? Futur du passé ? Plus personne ne sait où on en est lorsque le traitement te fait tant de mal…Et moi qui annonce encore une mauvaise nouvelle aux enfants, qui sont tristement habitués au mots « urgences » et « hôpital ».

Et moi qui, alors que je prépare ton sac d’hospitalité hospitalière, dois expliquer à leur père que ma sœur reste à l’hosto, qu’elle souffre à l’intérieur et en dehors, qu’elle est fatiguée par tous les pores. Que non, je ne serais pas là demain, mais que, comme tous les jours depuis Avril, je, nous nous sommes organisÉes pour suppléer ton absence habituelle et le vide laissé par le Pilier du ménage. Les enfants seront accompagnés à l’école, ils seront récupérés midi et soir, nourri, logés, blancis. Tu pourras même rester tard au boulot, tu iras même au ciné ( !) Mamie, Tata, s’occupent de tout. Mais tu manques à ta meuf. Et je ne justifierai pas ton absence auprès des médecins. Et je n’essayerai plus d’être compréhensive : tu choisis de ne pas prendre ta place, tu es lâche. Tu confirmes chacun de mes choix, il n’y a qu’homme déconstruit qui doit fouler ma vie et à sa juste place, bien loin du centre.

Alors que par un week end pluvieux, je récupérai ma sœur pour aller vider nos têtes (et nos sacs !) respectifs, il nous est arrivé une petite aventure qui a renversé la balance de la peur l’espace de quelques heures, et mis un coup de fouet aux deux sœurs.

Allo, Maman? Oui, on est à l’hôpital. Oui, encore. Mais c’est pour Lolo. Elle avait un truc dans l’oeil.

Au sujet de la forêt, que j’évoquais tout à l’heure…Sans vouloir trop digresser…J’ai une petite anecdote savoureuse : un gris dimanche, donc, j’avais proposé à ma sœur de m’appeler si elle avait envie de rafraichir ses idées en dégourdissant ses pattes (tout ceci sur conseils des médecins, évidemment). Elle me propose une balade, je réponds par l’affirmative. Mais l’heure approchant, le temps devenait plus gros, la pluie, fine, s’épaississait en redoublant d’ardeur.

Je doute et me permets un timide : « Le temps n’est pas avec nous… ». Et MaSoeur de répondre : « J’ai envie de dire on s’en fout, on mettra des Kways ». Je confirme son propos en disant qu’une petite averse ne nous fait pas peur. Que n’ai-je pas dit ? Que n’ai-je pas appelé la catastrophe.

Le résultat de cet après-midi bucolique en forêt et bord de rivière ? J’ai été à deux doigts de perdre un œil. La rencontre soudaine et violente d’une baleine de mon parapluie qui se casse, avec ma paupière droite, nous a tout à coup donné des sueurs froides. La baleine en métal appuyait sur mon œil mais seule la paupière semblait touchée. Appel des pompiers. Difficilement localisables, nous attendons 45 min leur aide. Ma sœur me tient, elle sait que l’équilibre les yeux fermés n’est pas facile à garder. Quand les pompiers arrivent, ils découpent la toile du parapluie. Ils ne peuvent pas me porter. J’ai les yeux fermés et ne peux pas les ouvrir sans faire bouger la tige de métal. On me prend sous le bras, je marche à tâtons, on m’indique grossièrement, ma sœur complémente. Elle sait l’angoisse de la cécité chez moi.   

On arrive au camion, on attend l’avis du médecin -to move or not to move, that is the question. On prend en photo mon exploit. On rigole. On écoute de la musique turque, puis Gala. Ma sœur et moi continuons notre Tour des hôpitaux de la ville. Mais là on varie, c’est pas pour elle. On me retire l’objet, l’œil n’est pas douloureux, il n’est pas touché, je m’en sors avec des bleus et quelques points au ras des cils. J’ai une grande chance. Nous rentrons, trempées comme des soudes, épuisées mais ravies.

Je vous épargne les commentaires de mes chers collègues auto-considérés « ex-misogynes » sur le comble de voir là le lendemain une « Féministe battue ».

Autre grand moment : le jour des Apprentis Coiffeurs. Les cheveux de MaSoeur se faisant la malle, nous avons mis en œuvre le plan ourdi auparavant : assumer le caractère tragicomique du moment et organiser un concours de coupes de cheveux improbables dans le salon, au son des années 1990 qui font bouger les Sœurs et rire tout le monde quand les petits se mettent à chanter du rap militant de tata. Après un passage par des franges asymétriques et des crêtes, j’ai soufflé un bon coup, les enfants sont sortis, nous avons eu une larme, et j’ai laissé la tondeuse faire son travail. Les jours précédents, nous avions fait les marchés à la recherche de bonnets pour protéger sa tête. Cela a d’ailleurs donné lieu à une belle rencontre, avec une camarade de cancer gynéco, qui a tenu à m’offrir, à destination de MaSoeur, son propre bonnet. Cela s’est fini en abrazo fuerte au milieu du marché. Depuis, on a racheté des bonnets et ma sœur met des turbans. Les enfants réagissent, parfois bien, parfois mal, en extériorisant, parfois bien, parfois mal.

Bientôt, nous partirons toutes et tous nous ressourcer. C’est bien mérité.

Le projet Toucan

Septembre et octobre ont été des mois décisifs : après des semaines d’examens et rendez-vous dans tous les sens -et autant d’aller-retour et de changement d’horaires de boulot- j’ai rendez-vous demain avec ma clinique pour arrêter le traitement et définir le Phénotype du Toucan.

Le processus jusque-là ? J’ai commencé par un rendez-vous et de nombreux échanges de mails avec SuperGygy. Mes cycles très courts ne m’aident pas : j’ai stressé jusqu’au dernier moment pour organiser des prises de sang et un comptage folliculaire entre J1 et J4. Et presque autant pour arriver à l’heure à l’Hystérosalpingographie à faire entre J7 et J11, à 16h un vendredi, de l’autre côté de LaVille située à 1h du boulot. Bon, bref, une bonne dose de stress, mais aussi des petites victoires : de nombreux follicules, malgré un taux AMH relativement bas, je serai une excellente candidate pour l’IAD en me soumettant à une stimulation.

Autre chose rassurante : médecins et infirmières questionnent mon projet, mais à la méfiance que j’ai parfois du mal à dissimuler devant leurs questions, ils opposent leur bienveillance, avec émotion parfois. Lors de l’Hysterosalpingo, j’ai versé une larme, non pas du fait de la douleur certaine que fait le ballon gonflant en soi, mais lorsqu’une infirmière au regard et aux mots doux m’expliquait qu’une de ses collègue était aussi une PMAman-Célib’ et me glissait combien « Nous » étions « Ses héroïnes ». Stay tunned, l’autre partie, anecdotique, que je vais aborder prochainement, ce sont les suites de mes telenovelas polyamoureuses. En crypté, évidement

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