Zéro, un, deux, trois papas ? Polyamoureuse, en PMA.

Modes de conception flexibles a l’ère des parentalités multiples et des relations alternatives.

#EtLesPapasMamansdanstoutça

Récemment, comme je le disais dans le dernier article, mes neurones travaillent sérieusement autour de l’identité. Toute occasion est une pierre de plus à l’édifice de mon cheminement.

Ma pote Chouk, patronne d’une franchise du top du top des crèches, ex-infirmière puéricultrice, maman de jumeaux et d’une troisième MiniElles, tous trois issus de PMA, d’un même donneur, répond patiemment à mes interrogations sur leur conception de leur identité, ses réponses de mère sur la génétique et la paternité.  

Ma pote de toujours, AnaPileEléctrique, me rapporte les échos des histoires magiques de M., une copine en couple gay qui a trouvé une perle de géniteur artisanal. Il plafonne ses dons à 5 couples, pour pouvoir être présent si sa présence est requise. Il accepte d’être mis en contact avec les enfants issus de ses gènes, mais ne sera pas investi dans leur vie sans que ceucelles-ci ne le demandent.

MaSoeur me fait relativiser le degré de responsabilité qui m’incombe dans la solitude du choix de concevoir dans mes conditions. Nos échanges partent d’un article inspirant, proposant de voir l’enfant comme électeur de son âme d’incarnation et de ses parents. La fausse couche y est considérée comme la traduction d’un désordre ou défaut d’incarnation, l’âme pouvant décider de renoncer à s’incarner ou revenir lors d’une grossesse future. Elle peut ainsi exprimer le choix de l’enfant de ne pas poursuivre son incarnation au-delà de l’expérience utérine, ou en tout cas pas à ce moment-là de la vie parentale.

Notre dialogue ira au-delà du pour ou contre la théorie de l’âme choisie, pour nous mener aux frontières du choix inconscient de sa peau d’humain et des transmissions non-choisie que chaque enfant porte sur ses épaules sans en avoir rien choisi. Nous nous en irons donc vers d’autres conclusions : ce que l’on porte en nous est plus profond que l’identité que saurait en tant que père nous apporter le géniteur. Les traumatismes transgénérationnels sont bien souvent inconnus de nos aïeux ou les réponses aux questions qu’ils soulèvent se trouvent au beau milieu d’indéterrables tabous familiaux.

Mes recherches et mes activités militantes m’ont de plus en plus conduite à me questionner sur le rapport des enfants aux traumatismes de leurs parents. En Uruguay, en Argentine, au Chili, combien de fils et filles de disparu.es, d’assassiné.es, de survivant.es à la prison politique, portent encore en eux la douleur, les stigmates des choix de leurs parents ? Qu’ont-ils choisi, eux, de la vie qui leur a été donnée, soumise toujours aux exigences d’une révolution d’abord « au coin de la rue » avant que ne l’étouffe la chape de plomb dictatoriale. Une révolution qui engloutissait plus les rêves, les espoirs mais aussi l’humanité de leurs parents, qu’elle ne libérait les cœurs et les corps lorsque la répression croissait et que les coups d’État s’enchainaient.

Que porte ces (ex)jeunes en leur être qui ne soit pas les cicatrices de ce père soumis à la torture, de cette mère qui reproduit les gestes de ses bourreaux lorsqu’après sa libération, ses enfants la rejetaient ou défiaient ses ordres ? Qu’est ce fils de disparu à part l’ombre projetée et difforme de son père mort-jeune d’un idéalisme fatal, qu’il tente vainement et ridiculement d’imiter pour que perdure sa lutte? Comment construisent-ielles leur rapport à la famille ? Peuvent-ielles tuer (symboliquement, cette fois) le père ? Comment les orphelins de la révolution parlent-ils de leur mère, alors poursuivie pour « subversion » et morte lors d’une « opération de contre-terrorisme », ou violée de multiples fois par des officiers pour punir son « mauvais genre », son appartenance au camp de la « mauvaise graine » ? En parlent-iels avec la tendresse affectueuse qui traversent les yeux et la voix des enfants lorsqu’ils citent la leur ?

C’est avec une palette de nuances allant du monochromatisme noir de la colère à l’arc-en-ciel bienveillant de la compréhension que j’ai eu l’occasion d’aborder ces sujets et mille autre. Ces témoignages, ces confidences, ces aveux, peuplent aujourd’hui mes réflexions de PIMPS et ne manquent pas d’alimenter la sérénité qui accueille les attaques de doutes qui me traversent.  

Famille choisie, liens familiaux flexibles et fluides, déconstruction et nouveaux modèles parentalités

Parallèlement à mes recherches et aux questionnements de l’identité et des bagages transgénérationnels, j’ai moi-même dû répondre aux interrogations liées aux tabous familiaux, entreprendre de déconstruire mon éducation patriarcale et mon identité genrée, chercher en moi de nouveaux horizons de constructions de rapport à moi-même et de nouvelles formes de relations loin des schémas dans lesquels je m’enfermais.

J’aime les défis, surtout lorsqu’ils font sens pour moi, et j’ai adopté le polyamour et embrassé ce projet de PMA. Sur ce chemin, au-delà de GrainedeToucan, il y a l’entourage, la Team Toucan, mais aussi les Zamoureux de ma vie multiple de la JF libérée.

Et alors, pour eux, quelle place ? Restant à définir me semble être la plus sincère des réponses pour l’instant. Cela ne veut pas dire qu’ils n’en occupent pas déjà une, dans le processus de PMA solo que je mène.

Tout est possible et au gré de mes rencontres et des aléas qui ont vu la naissance du projet PMA, j’ai tourbillonné entre les modèles de relations alternatives et les néo-conceptions, vogué entre la construction de la Famille Choisie et le choix de liens plus fluides, témoigné d’une honnêteté et d’une ouverture à l’autre bien plus saines, plus fidèles et stables dans un couple ouvert que dans nombre des tradi TV-Quartierrésidentiel-2bébés-UnLabrador, que je connais.

Posons les choses : dans la pratique, le polyamour, ça donne quoi ? Ca donne que mon temps libre, en fonction des disponibilités, envies, besoins, de chacun.e se partage entre les membres de mon éventail de possibilité. Tous.tes conscientes du cadre de la relation. Tous.tes investi.es dans la bienveillance, l’honnêteté, l’indépendance à respecter et l’accompagnement et le soutien de l’autre. Chacun à sa façon.

En ce qui concerne la PMA, reste à trouver la place de chacun.e.Mais figurez-vous qu’elle se construit tout naturellement, dans le respect des limites et ouvertures qu’offre la relation polyamoureuse.

MLK, le bon génie de l’éduc spé, lorsqu’il était en couple, a eu recours à une PMA. C’est assez naturellement qu’il a accueilli le projet, m’envoyant assidument force et courage et ne manquant pas d’échanger avec moi sur les procédures. C’est même lui qui m’a appris à me faire les piqûres de stimulation ovarienne…Et était là pour en gérer les conséquences !

Joie2Vivre répond présent aux réflexions existentielles autour de l’identité, la parentalité et de la fluidité des relations déconstruites, le rapport de la génération de la Vague féministe aux genres et à la construction patriarcale de la famille et de la vie. Ses yeux de mâles en déconstruction dévoilent ses expériences de flippe de grossesse non-désirée produit de passions rencontrées au fil de l’eau de vie. Ou encore l’histoire d’un pacte de PMArtisanale avec une amie lesbienne pour produire ensemble un enfant métis qui pourrait sur demande avoir accès à son géniteur et serait reconnu comme par lui. Il voit la PMA comme un processus fluide, en construction, au sein duquel lui, comme chaque être, viendra trouver sa place et la redéfinir chaque jour.          

Au-delà des mille-et-uns polyamours rencontrés, à moi aussi les exemples de maternité collectives, déconstruites, féministes viennent de plus en plus naturellement m’ouvrir d’autres voies à emprunter.

Au fur et à mesure des discussions, peurs, joies, larmichettes, soucis, espoirs, douleurs, que fait naitre cette aventure, j’avance sec sur mon processus intérieur mais je vois le marathon qui m’attend.

WANTED: N’hésitez pas à m’envoyer vos expériences et vos témoignages, ils nourriront mes réflexions et ces billets autant que vous le souhaitez.

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