Le purgatoire (Nov.21-Juin.22)

Ca fait longtemps ! 7 longs mois d’attente (presqu’une grossesse dis donc !)

Du coup, vous en avez loupé des épisodes ! Je vais tenter de faire dans la synthèse, mais je ne suis pas particulièrement connue pour ce don-là et j’ai besoin de m’épancher.

Vous excuserez le titre tout droit provenu de la culture judéo-chrétienne dans laquelle j’ai -à mon corps défendant- baigné, je cherchais d’autres noms pour ce non-espace, cet interstice ni tout à fait dedans ni tout à fait dehors que l’on occupe en attente du jugement. Je ne sais pas s’il y a un équivalent marxiste pour ça, ça ne m’est pas venu. Néanmoins, apprendre à l’habiter ces derniers mois, vous l’aurez noté, ça m’a coupé le sifflet.

Je vous ai laissé sur la frustration d’une première tentative de PMA, avortée du fait d’une hyperstimulation. Risque était grand de voir se développer de multiples amas de cellules et de devoir effectuer une « réduction embryonnaire », le joli mot pour dire débrancher des débuts de bébés. J’avais donc passé mon tour et décision avait été prise de reprendre le boulot sur « cycle naturel » le mois suivant. Par ailleurs, au vu des quelques déconvenues avec Super Gygy – mais si, vous savez, le lâcheur qui dit Oui au suivi PMA, avant de se raviser alors qu’on vient de commencer et qu’on a besoin de lui urgemment- décision était également prise de mieux répartir la charge de travail au sein de la Pool Gygy, en recrutant un nouveau membre spécialiste es Toucan pour gérer la partie francophone du suivi PMA,  pendant que SuperGygy ferait ce qu’il maitrise : la gestion de l’Endo et des problématiques associées.

Que s’est-il passé depuis novembre ? Ben pendant des mois, j’aurais répondu d’un air renfrogné : « Rien ! » avec une mine renfrognée à cheval entre la voix lasse et sanglotante du gosse qui s’ennuie et le désespoir de l’ivrogne devant un verre vide. Explications.

La Lynchitude

Gygy Dodo, nouvelle membre élue au Haut Conseil du Projet Toucan -dont l’efficacité, le franc-parler et la bienveillance me font rêver- a sacrément tiqué lors de notre entretien d’embauche. Comment ça, « j’ai Lynch » et personne ne m’a envoyée illico faire une batterie réjouissante d’examens du fond de l’utérus jusqu’au fond de l’anus en passant par les entrailles (non, ce n’est pas une image)?

Jusqu’ici, ses confrères m’avaient exposé les examens à effectuer, mais ne m’avaient pas semblé très inquiets quant à l’urgence de leur réalisation. SuperGygy, spécialiste es Endomètre, m’avait dit que ce suivi serait important post-35° année, mais était pour l’heure « à ma convenance », plutôt à envisager après la PMA. Comme cela nécessitait des examens qui retarderait pas mal l’entreprise dans laquelle je me lançai juste au moment de la découverte de la mutation génétique responsable du syndrome de Lynch et que cela semblait être uniquement pour se rassurer, j’avais fait l’impasse avec son accord.

Mais Gygy Dodo a eu la présence d’esprit de me signaler une info cruciale : les traitements de stimulation étaient susceptibles de nourrir la bête, si bête il y avait du fait que ce cher Lynch soit responsable d’une tripotée de cancers gynéco-gastro et j’en passe. Autant vérifier que la zone est all clear. BAH EVIDEMMENT ! Ce n’est pas comme si j’avais pu y penser toute seule, le lien hormones-cancers, depuis les joyeuses aventures de ma sorcière de sœur, je commence à connaitre !

Bref : j’ai tout stoppé côté PMA et concédé quelques mois à une encore plus grande pool de médecins pour m’étudier sous toutes les coutures. Loin de moi l’envie de tout conter par le menu, mais en bref : le premier examen à faire, la biopsie de l’endomètre, a révélé la présence de myomes dont il fallait vérifier la nature (bestiole ou pas bestiole) et qu’il fallait de toute façon réséquer pour le bon déroulement de la PMA. Gygy Dodo me renvoie donc vers la case Super Gygy de l’Endo pour ce faire. Malgré la légère goutte de sueur à l’annonce de la présence de « polypes de l’endomètre » ou « myomes », lorsque Gygy Dodo les détecte -sans cacher sa flippe et sans savoir qu’à l’époque, c’est ainsi qu’avaient été qualifiées les tumeurs sororales- tout est bien qui finit bien. Un gros mois plus tard, SuperGygy m’enlève tout le bordel et me laisse les parois utérines toutes lisses et proprettes, le réveil de l’anesthésie est brumeux comme il se doit et moyennant une grosse semaine d’alitement du fait de pertes de sang importantes mais pas inquiétantes, me voilà sur pied. Encore un mois après, la biopsie revient et l’absence de bestiole est confirmée.

Deuxième étape, les entrailles et le postérieur, allons-y gaiement ! Là, il me faut voir la Pool gastro qui suit ma sœur dans un gros hôpital -pléonasme s’il en est- en souffrance. Après quelques déboires sur la prise de rendez-vous avec le spécialiste Lynchesque des entrailles -j’ai été ravie que l’on s’étonne à quelques semaines de l’opération qu’au vu de l’urgence-PMA j’aurais dû être prise en charge des mois avant- l’opération est fixée pour mai.

Un détail, mais l’anecdote est trop drôle -à mes dépens- pour que je la passe sous silence : l’examen nécessitant une fois de plus une anesthésie générale, je m’en vais voir l’Embrumeur quelques jours avant l’opération. Après une longue, longue attente, me voilà donc devant un jeune médecin tout fringant, type Tennisman-du-dimanche/Beau-gosse-qui-le-sait-mais-sla-joue-cool. Il me prend à revers en me posant une question : après avoir déroulé mon CV opératoire et évoqué mes curetages, celui-ci me demande si j’ai « des enfants », avant de se reprendre devant mon bug et de me demander si j’ai « déjà accouché ». Une seconde salve de question portant sur ma condition de Bipo puis sur mon poids me perturbe encore. Comme je sais que j’ai pris du poids mais ne le connais pas, celui-ci me demande de monter sur sa balance. Stressée par l’exercice, je m’exécute mollement. Quand, derrière moi, il me dit « Ok, descendez », ne me demandez surtout pas ce qui m’a pris, j’ai interprété l’ordre de la manière la plus saugrenue qui soit : j’ai fait une flexion. Fou-rire général de ma part et de la sienne, alors que je descendais effectivement de la balance. « Celle-là on ne me l’avait jamais faite, vous avez fait ma journée. » Bonne joueuse, j’autorise le faux Nadal à se payer ma tête avec ses potes. Heureux hasard, je retrouverai Nadal le jour de l’opération, qui aura plaisir à venir me faire un coucou se rappelant parfaitement de la scène.

Avant nos retrouvailles, le jour J, j’entame une préparation à l’opération exploratoire, dont je vous épargnerai les détails fort glamours du type nuit sur les toilettes et autre pic de stress lié à la réalisation d’un trajet en voiture au moment critique où la purge fait effet, après une nuit à attendre, munie d’une couche et toutefois en conditions périlleuses. Là encore, tout roule et, les résultats en ma possession quelques semaines plus tard, me voici enfin en condition de reprendre !

Faux départs et reprise

Blanc sur Rouge, rien ne bouge, Rouge sur Blanc : tout fout le camp.

Tout ça nous porte à mi-mai, avec une tentative ainsi prévue pour tout début juin. Rebelote, écho et prise de sang à J2, puis à J8-9, et ainsi de suite. Grosse diff : le confort de compter sur Gygy Dodo et son cabinet spécialiste es Toucanneries est non négligeable. Exit le stress de galérer au téléphone et en courant de tous les côtés de la GrendeVille pour trouver un créneau d’écho dispo : j’ai toujours des créneaux quand ça me convient, prévus et adaptables en un temps record, toujours au même endroit qui m’arrange bien plus.

Mais c’était sans compter qu’après des mois d’attente et de désespoir devant l’absence d’avancée de tout côté, d’un coup, tout se débloque en même temps. Un an que je cherche, appelle, mail, visite des appartements dans LaVille pour me rapprocher de La Team-Famille et de La Pool-Médicale. Et c’est là, en plein dans la reprise que je trouve un cocon. J’ai d’abord essayé de jongler avec l’impossible et ménager la chèvre-appartement et le chou-PMA, en recevant l’aide extraordinaire de La Team pour ce faire. Mais j’ai vite abandonné devant la complexité des contraintes : je devais réaliser la plupart des examens la semaine précédant le déménagement et emménager pile-poil le jour d’une potentielle IAD.

On n’était plus à 3 semaines près, déçue mais confiante, j’arrête tout de nouveau pour repartir sur une meilleure base encore une fois le nid douillet constitué (ou presque). (Je jure que le fait de pouvoir picoler au mariage de mes potes qui avait lieu entre temps n’a pas pesé dans l’équation, mais, autant le dire, ça a pas été plus mal !)

La suite (attendue) au prochain post.

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